Rencontre à l'infirmerie

Le lendemain du discours du directeur Maeda, un petit retardataire arriva.

Gin Nagato, aide infirmier officiel de Beni-Tsuki pour cette année débarqua en trombe dans l'infirmerie du lycée. La cause de son retard? Monsieur avait raté son train. Or, la gare de sa minuscule ville ne desservait la capitale que rarement. Une chance pour lui: un routier l'avait emmené jusqu'à la grande ville la plus proche où il avait pu prendre sa correspondance. Une véritable chance, surtout que Gin, mlagré son don, n'avait pu prévoir cette légère embrouille.

Ainsi, le jeune homme se retrouvait avec vingt-quatre heures de retard, devant son nouveau lycée. Il était passé en vitesse voir le directeur, avait entraperçu un vieillard somnolant en allant déposer ses affaires à sa chambre et s'était directement rendu à l'infirmerie avec ça.

Dans son bureau, le directeur lui avait confié que l'infimière qu'il assisterait était disons... spéciale. L'homme n'avait voulu en dire plus, d'ailleurs, Gin n'aurait eu l'envie d'en écouter davantage, et préférait voir ce que cette femme pouvait bien avoir de spécial.

Il eut juste le temps d'enfiler sa blouse qu'il tenait toujours à sa main depuis le dortoir, de la lisser du plat de la main que la porte s'ourvit. Le jeune infirmier se retourna le plus rapidement qu'il le put et observa la personne en face de lui.

Après être sortie jeter ses déchets dans les grandes poubelles de l'établissement - elle avait saisi le premier prétexte pour sortir faire un tour - Ayaka était revenu à l'infirmerie, prête à reprendre sa fastidieuse tache bureautique : Trop d'élève, trop de dossier, et pas assez de temps... et de courage.

Elle venait de passer la porte quand elle le vit, ou plutot La vit, puisque la première chose qu'elle apperçu fut une queue de cheval d'une drole de forme. Après, elle comprit que cette queue d'ananas appartenait à un jeune homme en blouse blanche.

En blouse blanche ?

Ayaka reluqua le petit brun face à elle avec une moue de dégout... Elle ne savait pas qui était ce type, mais si ce qu'elle pensait s'averait juste, alors elle avait du soucis à se faire. Lui aussi du reste.

- Vous êtes ? - demanda-t-elle d'une voix froide.

Gin aurait pu réprimer un frisson mais il n'en eut pas. Dommage. A place, il se contenta de fixer assez bêtement la jeune femme face à lui. Il ne s'extasiait pas sur sa beauté, non, même s'il la trouvait canon, mais plutôt, il était relativement effrayé par l'air de ladite femme. Jamais la description que lui avait fait Maeda n'avait fait naître en lui ce genre d'image.
Le jeune homme se reprit bien vite, peu désireux de montrer une image aussi grotesque que cela à la personne qu'il allait côtoyer toute l'année et qu'il, accessoirement, assissterait.

Le frisson qu'il n'avait pas eu survint tout de même quelques secondes après, lorsque l'inifrmière s'adressa à lui. Le ton froid de cette dernière lui glaça le sang dans les veines et il se prit à avoir la gorge noué. Gin inspira et expira un grand coup puis inclina la tête profondemment.
De sa lente voix grave, il se présenta:

- Nagato Gin, vingt-deux ans. Je serais l'aide infirmier pour cette année.

Il se redressa, le visage détendu.

- Vous êtes Sato-san je suppose. Enchanté.

Gin inclina à nouveau la tête plus brèvement cette fois.

- Nagato Gin, vingt-deux ans. Je serais l'aide infirmier pour cette année.

Ayaka retint un hurlement de rage : Cette enf***é de Maeda lui avait refilé un assistant. Elle lui avait pourtant dit qu'elle préférait être augmenté plutot que de se coltiner un empoté.

Et puis c'était quoi cette mine d'ahuri ? Ne lui dite pas qu'il avait peur d'elle, sinon l'année allait vite se transformer en pujilat... Elle se demanda l'espace de quelques secondes ce que dirait Maeda de sa possible augmentation si elle épinglait l'espèce de truc qui allait lui servir d'assistant sur la porte...

Elle secoua la tête pour se chasser cette image trop réjouissante de la tête...

- Vous êtes Sato-san je suppose. Enchanté.

Au vue de ses courbettes, au moins, il la respectait... c'était toujours mieux que rien, surtout quand on sait ce qu'elle avait l'habitude de cotoyer comme élève...

- Ouais ouais... grogna-t-elle en lui faisant un léger signe de tête.

Elle troqua son manteau contre une blouse et l'accrocha sur le porte manteau.

- Bon, alors, je vais te dire les choses clairement déclara-t-elle fermement en plongeant ses yeux dans les siens L'infirmerie ouvre à huit heures, je ne tolère aucun retard. Tu ne portes ta blouse Que dans l'infirmerie, dans le reste de l'établissement, tu es en tenue civile. Ce qui est dit dans cette infirmerie ne doit, en aucun cas, sortir de cette infirmerie, au cas où ça serait necessaire, Je m'en charge. Je n'ai jamais demandé à avoir un assistant, mais si tu respectes ces trois règles, tu devrais réussir à éviter de te retrouver punaiser sur la porte d'entrée. elle s'approcha de lui jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'une distance ridicule entre eux C'est compris ?

Elle avait besoin d'un café. Oui, un bon café bien sérré.

Gin haussa un sourcils surpris. Il était à nouveau bien maître de lui même et n'éprouvait plus aucune crainte à l'égard de la jeune femme. Néanmoins, il ne doutait pas qu'un jour, il aurait la vision de lui-même, épinglé à coup de scalpels sur la porte. En espérant bien sûr que cette visions soit garanti à 0%.
Pourtant, les gens disaient de lui qu'il était facile à vivre... Malgré cela, il sentait aisément qu'il aurait des relations plus que tendues avec l'infirmière.

Mais il ne comptait pas pour autant se laisser rabaisser par une femme un peu sur les nerfs. C'est pourquoi il répondit, sans se départir de son calme habituel:

- J'ai été à l'école, je connais les règles du secret médical et je ne souhaite nullement être exposé au yeux de tous sur votre si jolie porte. Quant à vous, si je peux me le permettre, vous devriez tenter un test de grossesse, vous avez l'air tendue et malade...

Il était vrai que la dernière remarque était peut-être superflue mais si l'on ne pouvait plus plaisanter... Bien sûr, Gin savait que la grossesse n'était pas la seule "maladie" qui pouvait donner ces symptômes...

Les yeux d'Ayaka s'écarquillèrent, mais aisé aurait été celui de déviner si c'était de stupeur, de colère, ou de panique... A la vérité, c'était un savant mélange des trois : De la colère, car cette impertinent avait osé lui répondre, de la stupeur, parce que peut-être n'était-il pas aussi mollasson et faible que ce qu'elle avait imaginé en premier lieu, et de la panique car comme toute trentenaire célibataire qui se respecte, elle avait une vie sexuelle très active, et qu'avec son malaise du matin même, elle se posait quelques questions...

Secouant la tête, elle se modéra cependant : Il n'y avait pas qu'une grossesse à provoquer ce genre de symptome ; et se recomposant un masque d'un froideur polaire, elle déclara :

- Si tout est clair alors tant mieux...

Puis, lui tournant le dos, se dirigeant vers les dossiers pas encore finit. En prenant une bonne partie dans ses bras, elle les lui déposa la pile entre les mains.

- Ca, ce sont les dossiers des élèves... Si t'es assistant c'est que tu partage le travail, n'est-ce pas ? Alors voilà, tu t'occupes de cette partie... Tu relèves les infos importante et... elle eut un sourire mauvais Enfin, tu dois savoir tout ça, tu es allé à l'école après tout.

Et sans plus s'interresser à lui, elle reparti s'asseoir à son bureau. Ce qu'elle ne dirait pas à Nagato, c'était qu'ils étaient rare ceux qui réussissait à lui répondre, alors que la peur leur vrillait les trips, et pour cela, elle lui devait déférence... Un peu...

Gin reçu la pile de dossier assez brutalement dans les bras et, malgré son apprence frêle, ne vacilla même pas. Il attendit qu'Ayaka lui tourne le dos pour étirer un fin sourire sur ses lèvres rosées.

- Ne vous inquiétez donc pas Sato-san, je serais efficace et silencieux, comme le nouvel aspirateur qui vient de s...

Gin interrompit sa vanne quelque peu foireuse et écarquilla les yeux. Il eut tout juste le temps de poser les dossiers sur la table qui lui faisait face et de ferme les paupières.

Une vision.
Ah! Pas très importante! Quoique...
Quoi?
Oh... Rien que la machine à café qui explosait joyeusement au visage d'Ayaka.

Il repensa un instant à lui-même épinglé sur la porte de l'infirmière, fit la grimaçe mais songea qu'il serait plus gentil de la mettre au courant de sa vision.

- Haem... Sato-san... Si vous désirez prendre un café, je vous le déconseille...

Il pria seulement pour que cette infirmière violente l'écoute.

Il souriait. Elle le sentait, il souriait. Elle n'arrivait pas à savoir si elle devait prendre cela comme une insulte personelle ou bien... Elle préféra laisser passer. Il lui fallait un café, bien fort le café... Le genre de truc qui la calmerait... Parce que là, si elle s'écoutait, elle arrachait la tête de son... assistant... Il fallait bien qu'elle se fasse à ce nom, puisqu'apparemment se serait ainsi jusqu'à la fin de l'année. Sur que Maeda allait l'entendre... Une augmentation contre ça...

Quoi qu'en même temps, le ça en question soit plutot pas mal de sa personne - en enlevant son horrible coupe de cheveux. Mais assurément, il était trop jeune. Et puis... pas du tout son genre... Elle les aimait macho et un peu brute, pas tout gentil et tout mignon...

Elle eut un mouvement d'arrêt cependant à sa remarque. Pourquoi devait-elle éviter de se prendre un bon café... Il voulait souffrir plus longtemps ?

- Et pourquoi je te pris ? Parce qu'elle va m'exploser à la figure ?

Il n'eut pas besoin de parler : Ayaka avait senti. Oui, la cafetière allait lui sauter à la figure. Elle ferma les yeux et compta jusqu'à dix, avant de souffler longuement. Cette journée ne se terminerait jamais sans café, elle allait tous les égorger... ou bien... Nan, tous les égorger.

- Dans ce cas... - elle se retourna vers lui - Il va me falloir autre chose, pour compenser...

Qu'est-ce qui pouvait compenser le café pour Ayaka ? Elle avait bien une idée, mais ce n'était pas vraiment le lieu, et puis... ce n'était pas non plus la bonne personne... Non, décidement, sa journée allait être horrible. Celle de son assistant aussi d'ailleurs.