Ouverture du club de Kendô [Ouverts à tous les membres du club!]

Umeno pouvait enfin souffler. Il venait de quitter le comité des élèves et cette fille, Kido Misaku, l'avait épuisé. Certes, il admettait qu'elle avait sa place en tant que présidente (en son for intérieur, bien tendu, avons-nous déjà vu Umeno avouer ce genre de chose publiquement?), mais pas autant que lui! Elle restait une femme tout de même! Tout comme la présidente du club de Kendô de l'an passé. Une gamine qui avait sauté plusieurs classes, son don lui donnant une mémoire hors-limites. Pitoyable. Elle savait manier le sabre, certes, mais elle n'en restait pas moins une gosse de 10 ans, peste de surcoit. Une chance qu'Umeno soit président cette année, ne s'étant présenté que très rarement au club l'année dernière.

Il soupira et tourna la clef, qu'on lui avait remise la veille à son arrivée au pensionnat, dans la serrure. A pine entré, il retira ses chaussures, les jeta dans un coin et s'emplit de la délicieuse odeur des tatamis. Il marcha délicatement sur ceux-ci, retira sa veste et alla la pendre après un crochet à l'autre bout de la vaste pièce. Mais pourquoi donc mettaient-ils les crochets si loin? C'était la question qu'Umeno se posait tous les ans.
Il gagna une petite porte située un peu en retrait sur la gauche qui resta bloquée malgré la forte pression qu'exerçait le jeune homme dessus. Ce dernier grogna et, toujours en chaussettes, enfonça son pied dans le battant récalcitrant. La porte s'ouvrit en fracas, laissant apparaître dans la pénombre un bureau, deux chaises et une armoire, le tout en bois. Umeno ouvrit la lumière et parcourut la pièce des yeux. Rien n'avait changé. Enfin, si. Il n'y avait plus les immondices qu'étaient les peintures de l'ex-présidente. Et dire qu'elle était partie en études d'arts!

Umeno ressortit, se dirigea vers le placard dit "des débutants". Là s'entassaient dans le plus grand soin sabres en bambous, sabres en bois et mêmes quelques véritables lames.
Le jeune homme saisit un sabre en bois et se mit au centre des tatamis. Un pur bonheur. Un sabre à la main, il oubliait tous ses problèmes, tout, tout, tout!
Il effectua quelques mouvements simples lorsqu'il entendit un froissemen de tissu dans son dos, au seuil de la pièce. Il se retourna.

Sei n'avait qu'une envie: partager sa part de gâteau avec Maaya. Et le temps allait passé si lentement!

A peine eut-il quitté la salle du club de danse qui planifiait déjà le reste de son après midi, histoire d'être à l'heure au rendez vous. D'abord, le dortoir ou il rangerait ses affaires. Puis s'il avait le temps, un tour du lycée ou une ballade en ville. S'il trouvait le temps seulement. Mais son mini emploi du temps improvisé ne fit pas long feu. En sortant, il passa devant le club de Kendô qui mystérieusement avait décidé d'ouvrir, seulement maintenant qu'il avait de quoi s'occuper. Il n'aurait pas pu se pointer une demi-heure plus tôt, ce président! Quoi que si ça n'avait pas été le cas, il n'aurait pas rencontré la rouquine, et cela aurait été bien dommage...

C'est toujours aussi en forme que le jeune homme entra dans la salle de Kendô.

-Bonjour! lança-t-il de son ton enjoué.

Le jeune garçon de première année enleva ses chaussures avant de se présenter au présumé président du club de kendô. Ce dernier se trouvait être... Très différent de l'idée de ce qu'on pouvait s'en faire. Disons qu'il ne semblait pas avoir la carrure telle que l'idéalisait Sei. Toutefois il n'était pas du genre à juger d'après les apparences. Il le savait mieux que quiconque, en fait, vu sa propre personnalité. Son caractère nejoué cachait bien des choses. Sans se défaire de son sourire (qui n'avait rien d'hypocrite, notons le), il salua respectueusement Umeno Date.

-Je suis Sei Sadara, en première année C, annonça-t-il.

Ses affaires dans le dortoir pourraient bien attendre. Du genre plein de vie, il préférait de loin rencontrer les membres de son club plutôt que de s'ennuyer à ranger ses maigres possessions.

- Salut! Moi c'est Date Umeno, président de ce club et vice-président du comité! Tu peux m'appeler Umeno ou Date-sama, c'est comme tu veux!

- Comme t'es le premier arrivé, ça te dit un petit combat? Du genre pour que j'évalue ton niveau? A moins que tu n'ais d'autres projets...

Après avoir louché sur le sabre que brandissait Umeno sous son nez, Sei fixa le président en essayant de contrôler un froncement de sourcil qui aurait pu paraître impoli. C'est qu'il lui faisait une drôle d'impression, aussi. Déjà, il ne l'avait écouté qu'à moitié. Ensuite, il lui demandait de faire un choix entre Umeno ou Date-sama... Difficile à faire non?

Il se demandait s'il devait le prendre au sérieux... Il ne souhaitait certainement pas nommer 'maître' un élève du lycée. Il n'y avait rien de pire pour le garçon que de s'abaisser à de telles bêtises. Quand à l'appeler par son prénom... Alors, pour quoi allait-il opté? Date-senpai, Umeno-senpai ou bien Umeno tout court? Bah, il verrait bien après... Ce genre de chose, c'est sensé venir naturellement. Enfin, c'est ce que pensait Sei, avec son esprit parfois encore enfantin.

-Pour ce qui est du combat, je n'ai rien contre, mais je n'ai presque jamais pratiqué de ma vie,fit Sei avec un de ces sourires gêné.

Son frère avait bien essayé de lui apprendre les bases de cet art, mais il y avait peu de places dans le petit appartement et on aurait pu croire qu'il avait été ravagé par un ouragan. Donc, ils avaient vite abandonnés l'idée de s'entrainer dans la maison. Ils l'auraient bien fait dans la cour en bas de l'immeuble, mais le choc des sabres gênait trop les voisins. Désormais, son frère n'était même plus là pour lui apprendre quoi que ce soit.

Résultat, arrivé en première année, Sei n'y connaissait strictement rien, ou très peu de choses. Il espérait cependant que cela ne poserait pas de problème vis à vis du président. Il n'avait pas très envie de faire mauvaise impression dès le premier jour...

[désolée, c'est un peu court T-T]

- Alors Sei, j'peux t'appeler Sei, na? Comment qu't'as atterri dans c'lycée de dingues?

Heureusement qu'Umeno avait engagé la conversation, sinon, Sei aurait été certain de l'avoir défier. Qu'y pouvait-il s'il n'avait aucune connaissance en la matière après tout? Enfin, il en fallait plus pour décourager le jeune homme aux yeux dorés qui adressa un sourire franc au président du club de kendô. Bien spur qu'il pouvait se contenté de l'appeler Sei, comme s'il allait lui dire non! Et puis, il ne pensait pas qu'il apprécierait qu'on l'appelle Sadara-kun... Cela sonnait vraiment trop bizarre.

-Disons que je n'avais nul part ou aller, alors autant ce lycée de dingue qu'une pension quelconque.

Bien sûr, Sei ne mentionnait pas la mort de son frère d'ailleurs. Il n'étais pas prêt à en parler comme ça, sur le ton de la conversation. Il avait besoin de temps pour s'en remettre ne serait-ce qu'un peu. Il n'avait pas encore trouver suffisamment de personnes, de lieux, d'habitudes pour remplacer le vide qui s'était fait en lui. Sa rencontre avec Maaya l'avait beaucoup motivé, mais cela n'était pas tout. Il voulait se sentir chez lui quelque part, avec des personnes qu'il appréciait. Cela prendrait un moment, mais temps pis. La vie était ainsi faite et il ne servait à rien de se morfondre... Telle était la doctrine de Sei depuis peu.

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