Après l'effort, le réconfort... [PV Reila]

Reila suivit Ronnie jusqu'au salon de thé. Elle essayait tant bien que mal de se repérer à travers cette ville. Pas si compliqué mais quand on possédait un sens de l'orentation presque égal à zéro, comme la jeune professeur de musique, cela devenait une véritable épreuve. Elles rentrèrent enfin dans le salon de thé. Les deux jeunes femmes s'assierent à une petite table. Ronnie s'empara de la carte et commença à l'examiner.


- Vous prenez quoi Reila-chan ? Moi j'hésite, c'est fou ce qu'il y a à manger ici... Oooh... une tarte au pomme... Oh, non, un gateau au chocolat... plus bas Non, je serais jamais capable de le manger en entier... Un muffin ? Trop lourd...

Reila sourit en voyant Ronnie. Celle-ci bavardait gaiement en énumérant tous les choix possibles et inimaginables, leurs avantages et leurs inconvénients. La violoniste l'écouta distraitement et re-sourit. Décidément, cette jeune femme lui paraissait de plus en plus sympathique avec son caractère enjoué. A bien y reflechir, toutes les personnes rencontrées jusqu'ici lui avaient parut sympathiques. En acceptant cet emploi, elle avait eût raison. Quelques années ici lui feraient le plus grand bien.

Ronnie s'était interrompue, ce qui supposait une réponse à la question posée en premier.

-Hmmm...Tout à l'air si bon...Un thé Vert et...

Reila contempla la carte les yeux grands ouvert. Le nom indiqué sur la carte avait remis en marche l'estomac de celle qui avait rarement faim.

-Un fondant au chocolat ! Je n'en ai pas remangé depuis mes huit ans ! Mais j'adorais ça. Je crois que j'ai choisi. Conclu Reila avec un grand sourire et des yeux pétillants.

Reila sourit. Ronnie venait de commander au serveur et la jeune violoniste se régalait d'avance. Tant qu'elle ne fondait pas en larmes à l'évocation de tant de souvenirs d'enfances...Souvenirs si peu nombreux. La jeune femme fut interrompue par Ronnie, qui lui posait la question fatidique :

- Au fait, vous ne m'avez pas dit, c'est quoi votre don ? Laissez moi deviner... ça a un rapport avec la musique.

La jeune violoniste sourit, puis repris son air sérieux. Comment expliquer son don ? Elle l'avait si souvent caché...

-Et bien, oui et non. Au départ, mon don, c'est de ressentir et de pouvoir contrôler, avec des limites bien sur, les émotions. Pour ce qui est de les contrôler, je maitrise mon don...A peu près. Mais quand il s'agit de les ressentir, ça se déclenche n'importe où, n'importe comment, n'importe quand. Et dès que je joue d'un instrument, le pouvoir est décuplé. Je peux contrôler les émotions de centaines de personnes. Mais plus je contrôle de personne, plus mon emprise s'estompe...

Reila colla une main sur sa bouche. N'en avait-elle pas trop dit ? N'allait-elle pas faire peur à la jeune femme ? Toutes les personnes auxquelles elle s'était confié avait parut horrifiées. Cependant, Ronnie avait elle aussi un don particulier. Peut-être comprendrait-elle mieux que les autres.

-Mais malgrè tout, je m'efforce de ne pas en abuser. Termina Reila d'une voix grave.

Elle baissa les yeux mais se reprit très vite et déclara d'un air plus malicieux.

-Pour ce qui est de la pate de haricot rouges, j'ai vingt-quatre ans,je suis japonaise de naissance et je n'ai jamais goûté !

Elle ajouta un petit sourire et se tut. Puis, elle se rendit à l'exacte vérité. Elle avait passé plus de temps à l'étranger que dans son propre pays. Même quand elle y était, elle était comme une étrangère...

Reila vit Ronnie écarquiller les yeux pendant qu'elle parlait. Evidemment, tout le monde fait ça la première fois. Elle ne semblait pas étonnée outre-mesure. Tant mieux, pour une fois que la personne à laquelle elle parlait de son don ne fuyait pas en courant.

Perhaps-san venait de dire quelque chose mais Reila, plongée dans ses pensées,n'avait pas entendu. Puis le serveur arriva et déposa leurs commandes sur la table. Ronnie lui sourit.

- En tout cas, votre don, c'est la classe... Certainement plus efficace que mon truc...Je le contrôle à peine, je ne peux pas prendre de cuite avec mes amis parce qu'à tout les coups, je change de figure, et puis, faut le dire, c'est pas très très utile...

Reila allait répliquer en lui disant que ce n'était pas tant la classe que ça et que lorsque son don se déclanchait à l'improviste, ivre ou pas, cela faisait des tas de dégâts. Et que aucun don était mieux que les autres...Juste qu'il donnait d'autres possibilités mais Ronnie, qui avait engloutit un bout de pâte de haricots parla avant elle.

- Hé ! Mais c'est trop bon ce truc...Goute Rei-chan, c'est exquis.

Reila ouvrit grand les yeux sous l'effet du tutoirement et de "Rei-chan"...Mais elle décida que cela ne la dérangeait pas. Après tout, elle s'était attachée à Ronnie. Reila attrapa le bout de pate rouge que Ronnie lui tendait et le mangea.

-Ouaaaaaaah, mais c'est délicieux ! Attendez, je goûte le fondant et je vous en dit des nouvelles.

Reila attaqua le pauvre fondant d'un coup de cuillère expert et l'enfourna dans sa bouche. Elle avala.

-Ah, c'est chaud...mais c'est toujours aussi bon ! Vous voulez goûter ?

La jeune violoniste aurait aimé tutoyer Ronnie aussi naturellement qu'elle. Mais elle était trop timide. Elle n'oserait jamais sans autorisation. Et encore moins demander l'autorisation en question. Reila sourit. Ronnie était la première personne qu'elle songeait à tutoyer.

Reila sourit. Elle se détendit après avoir reçu l'autorisation de tutoyer sa collègue. Elle termina vite son fondant, manquant de s'étouffer au passage. Elle avala de longues gorgées de thé vert et déclara, une fois son souffle revenu:

-Ouaaah, ce fondant était délicieux. Et vo...Ta pâte de haricots ?

Le tutoiment n'avait pas été très naturel mais cela s'améliorait. Après tout, Ronnie était une amie désormais. Reila soupira d'aise. Elle jeta un coup d'oeil aux paquets posés à ses pieds. Oui, Ronnie était une excellente amie désormais. Le regard de la violoniste fut attiré par la fenêtre, de laquelle on pouvait appercevoir un timide rayon de soleil. Cette nouvelle année commençait sous les meilleures augures. Un nouveau départ qu'elle allait prendre, une nouvelle vie, un nouveau jour. Pour la première fois depuis bien longtemps, Reila se sentit profondément bien.

La jeune violoniste absorba une nouvelle gorgée de thé, savourant le goût amer qui lui donnait des frissons et lui rappelait son enfance.

-Oui, moi aussi, je suis contente d'être sortie de ma chambre, ce matin. Sinon, j'aurai joué du violon et me serait faite detester dès le premier jour par tous mes voisins. J'crois que j'préférerais éviter...

Reila écoutait les paroles de Ronnie. Elle reprit un peu de thé et la regarda fixemment pendant que la jeune femme lui exposait sa requête. Elle ouvrit grands les yeux en entendant les paroles:

- Dit Rei-chan, est-ce que je pourrais te dessiner pendant que tu joues, s'il te plait ?

Reila se repris et sourit. Etre dessinée...Pourquoi pas, après tout ? Cela pouvait être une expérience. Elle avait déjà posé pour des photos, alors petre mannequin d'un jour ne serait pas un problème pour elle. Elle ouvrit la bouche pour répondre, puis la referma. Et si elle n'était pas à la hauteur des espérances de Perhaps-san ? Elle sembla songeuse un instant ou deux, puis finit par prendre sa décision. Après tout, jouer en compagnie de quelqu'un ne lui ferait aucun mal.

-Euh...Et bien, oui pourquoi pas ? En plus, j'adorerais voir tes dessins. Ils doivent être magnifiques.

Elle marqua une pause et repris.

-Cependant, je dois te prévenir. Quand je joue du violon, avec mon don, cela peut donner des émotions très particulières. Alors, il ne faudra pas s'étonner si tu ressent un bien-être absolu ou quelque chose du genre.

Reila ressentit la perturbation de Ronnie... Ce désir d'oublier...Elle ne l'avais jamais ressenti, malgrè son passé peu clément.La jeune femme ne comprenait pas ce désir...Mais cependant, elle ne se permettait pas de juger sa compagne. Elle repris une gorgée de thé qui refroidissait lentement et regarda l'autre jeune femme un moment. Cette femme qui semblait si forte, si joyeuse...Rien ne semblait pouvoir l'abattre. Etait-ce une image ?

-Ronnie ? J'ai une question très personnelle, et tu es libre de répondre ou pas.

La jeune violoniste reprit rapidement une autre gorgée de thé, de plus en plus tiède. Elle eût un sourire gêné. Poser ce genre de question n'était absolument pas dans ses habitudes...Mais petit déjeuner avec une jeune femme qu'elle considérait comme proche ne l'était pas non plus.

-Pourquoi ne pas avoir dessiné pendant ces mois ?

Reila attendit la réponse de sa vis-a-vis. Elle espérait être que sa question ne dérangerait pas sa compagne. Ce n'était pas le moment de tout gâcher. De par les émotions, Reila avait ressentit des tas de choses sur la jeune dessinatrice. Des choses qui lui donnait envie de plus connaître Ronnie.

[Bwarf, c'est pas très long, désolée...]

Le sourire qui avait commencé à fleurir sur les lèvres de Ronnie se crispa légèrement, avant de s'effacer complètement, son visage se faisant alors infiniment triste. Pourquoi n'avait-elle pas dessiné ? Pour une raison stupide... On arrête pas une passion pour Ça, n'est-ce pas ?

- Mon mari est décédé il y a trois ans... Je déteste commencé un nouveau portrait, alors que j'en ait un en cours... Alors... quand je dis que je n'ai pas dessiné, ce n'est pas tout à fait vrai... j'ai peint des paysage, des scènes quotidienne... mais je n'ai pas refait de portrait depuis... à chaque fois que j'essayais, j'avais ses grands yeux gris qui me fixait, je me souvenais de ce portrait, qui n'était pas finit, de son visage inachevé...

Sa voix n'était qu'un souffle, elle semblait ailleurs, et en même temps tellement présente... Quand Ronnie parlait de Peter, elle paraissait entière. Infiniment malheureuse, mais entière. Et belle. Oui, Ronnie quand elle se souvenait, était vraiment belle.

- Je... un sourire las naquit sur son visage Je suis désolé de te parler de tout ça... j'ai tendance à un peu trop raconter ma vie...

Raconter sa vie revenait quasiment constamment à la ramener à Peter. Et quand c'était le cas, elle avait tendance à se tourner en dérision... Un moyen de ne pas ébranler la forteresse qu'elle avait bâti autour de son cœur au décès de l'homme qu'elle aimait... Une protection...

Reprenant sur une note plus gaie, la jeune femme déclara :

- Tu sais Rei-chan... j'ai une fille... Une petite fille.. J'aimerais que quand je rentrerais en France, je puisse lui montrer tout les gens qui m'ont tenu à cœur ici...

Ronnie lui fit un grand sourire, même si dans ses yeux brillait maintenant la douleur du souvenir de Peter.

Reila ressentit tout d'un coup les émotions de Ronnie. De la tristesse, beaucoup de tristesse, même si elle ne le montrait pas. La jeune violoniste avait véritablement gaffé. Mais en même temps, qui aurait cru Ronnie mère ? Reila roûgit. Elle n'aurait pas dû poser cette question. Elle avait mis sa vis-a-vis mal à l'aise. Mais pourquoi n'était-elle pas douée dans les relations humaines ? Elle bafouilla quelques mots sous l'effet de la gêne avant de réussir à constituer sa phrase.

-Désolée d'avoir posé cette question. C'était malvenu de ma part.

Reila inclina la tête en signe d'excuse. Le silence froid s'installa. Elle décida de le briser la première, tant ce concentré de gêne lui était insupportable. Elle s'était presque fait une amie et venait de quasiment tout gâcher avec ses questions à deux yens.

-Tu as une fille,Ronnie ? Tu as vraiment de la chance...J'aimerais être mère. Comment s'appelle-t-elle ?

Oui, Nita Reila rêvait d'être mère. Mais elle n'osait imaginer ce que cela lui coûterait. Mais elle n'imaginait pas le grand bonheur que cela pourrait lui apporter. Mais elle n'avait trouvé ni l'homme idéal, ni le temps d'avoir un enfant.Tant de mais qui s'opposait à ses envies.Malgrès cela, elle était encore jeune, et rien ne servait de desespérer. Un jour peut-être...

Elle sortit de ses pensées, reprit une gorgée de son thé, presque froid désormais, et reporta son attention sur Ronnie Perhaps. Cette femme si forte et si belle avait vécu une chose vraiment horrible. Reila apperçut l'etincelle de douleur dans ses yeux. Une femme comme ça, qui ne laissait rien paraitre d'ordinaire...La jeune violoniste éprouvait une profonde admiration pour Ronnie...Un très grand respect pour cette femme qui devait assumer seule un enfant, et la mort d'un mari.

Ronnie eut un sourire doux : Ce n'était pas malvenue, c'était parfaitement légitime, d'ailleurs, si elle ne voulait pas donner des raisons de poser des questions, elle n'avait qu'à apprendre à fermer sa grande bouche, ça règlerait le problème.

- Ne t'inquiète pas Rei-chan, ce n'est pas de ta faute... Il est de toute manière grand temps que je tire un trait sur cette histoire...

Elle voulait devenir mère ? Une bouffée de joie envahit Ronnie au bonheur que cela représentait : Sa fille, même si elle ne la voyait qu'extrêmement rarement, lui apportait une joie et une fierté incroyable.

Fouillant un instant dans son porte-feuille, Ronnie en ressortit une photo, puis, prenant une gorgée de son thé, froid soit dit en passant, elle posa l'image sur la table.

- Je te présente Léa... Elle a quatre ans... Mais je ne l'ai pas vu depuis très longtemps... Elle vit avec mon père.

La jeune femme se fit la réflexion que c'était la deuxième fois en peu de temps qu'elle sortait cette photo... Décidément, elle avait tendance à s'ouvrir plus ici... Ce n'était pas plus mal, peut-être pourrait-elle enfin tourner la page.

Puis, soudain, une crainte l'étreignit : Et si, comme Netami, Rei-chan la jugeait, et si elle pensait que c'était mal d'abandonner ainsi son enfant... Ronnie se prit à penser que probablement, cette fois-ci, elle n'arriverait pas à s'empêcher de pleurer...

- J'ai... j'ai eu du mal à gérer la mort de mon mari... puis, chuchotant Ex... mari...

Reila regarda Ronnie avec une lueur d'impressionement. Cette femme, qui devait gérer la mort de son mari, avait choisit de se séparer de sa fille, qu'elle semblait aimer de tout son coeur. Elle dit pour briser le silence suivant la déclaration de sa compagne:

-Léa...-Reila répéta ce nom, en appreciant la sonorité- C'est un prénom magnifique...Elle le porte très bien, elle aussi est magnifique.

Reila regarda Ronnie, aussi triste en évoquant son mari décédé. Elle ressentit tout d'un coup la crainte de sa vis-a-vis. Une crainte du jugement, une crainte de la condamnation de ses choix. La professeur d'Arts Plastiques semblait vraiment culpabiliser d'avoir laissé cette petite Léa au pays. Alors, instinctivement, la jeune violoniste attrappa doucement la main de Ronnie sur la table et lui dit:

-Ronnie, je trouve que tu as énormément de courage. Tu dois affronter la mort d'un mari et la séparation avec ta fille. Tu as sûrement tes raisons de t'éloigner d'elle, et peut-être que c'est le mieux pour tout le monde. Je sais que ne pas voir ses parents est très difficile, surtout lorsqu'on est jeune. Je ne connais pas tes raisons, et je ne me permettrait pas de te juger, mais je pense que tu as fait ce que tu estimais le mieux pour ta fille. Tu as fait ce que toute mère aurait fait, à mon avis.

Reila se rendit compte alors de deux choses. De une, elle avait sortit son petit discours, comme ça, naturellement, sans tiquer sur le moindre tutoiement. Et de deux, elle avait pris la main de Ronnie, tout aussi naturellement qu'en lui parlant. La violoniste ne se reconnaissait plus. Où était la jeune femme timide et renfermée ? Et surtout qui était cette femme pleine d'assurance ? Décidant de continuer sur sa lancée, elle sourit timidement à Ronnie et rajouta:

-Quoiqu'il arrive...Je suis là, si tu veux en parler. Mais je pense que tu ne devrais pas tirer un trait sur ton passé. C'est lui qui fait qui tu es aujourd'hui, même si il est douloureux. Vraiment douloureux. J'en sais quelque chose, et pour surmonter les choses, il faut accepter qu'elles fassent partie intégrante de toi.

La violoniste sourit nerveusement.Elle espérait qu'elle ne faisait pas trop donneuse de leçons auprès de Ronnie. Et que Ronnie prendrait bien tout ses conseils.

Ronnie regarda la main de Rei-chan dans la sienne un instant. Il était une chose que peut de gens savaient à son sujet : Elle gérait mal les contacts... Elle adorait enlacer les gens, les serrer contre elle... Mais quand c'était ces gens là qui prenait l'initiative, elle se bloquait. C'est pourquoi elle avait beaucoup de mal à garder sa volonté mobilisée actuellement.

Et elle du énormément surprendre sa vie quand, sans le faire exprès, son visage prit, l'espace de quelques secondes, ses traits.

Comme si l'utilisation de son pouvoir l'avait secouer, elle secoua la tête.

- Excuse moi Rei-chan... Juste un moment d'absence... Je ne sais pas si j'ai fait ce que chaque mère aurait fait, je crois que la mienne à eu du mal à me laisser partir quand j'ai quitté la maison... alors... Dans ma famille, les relations mère/fille sont très conflictuelles.

Elle eut un rire jaune.

- Quand je disais tirer un trait sur les choses, c'est ce que je sous-entendait : Les surmonter. J'ai horreur des gens qui tente d'oublier, je trouve ça lâche et...

Elle se passa une main sur le visage : Elle était en train de s'emporter. Quand elle était enceinte, on lui avait dit qu'on ne voyait pas de différence avec son comportement, elle était la même personne au réaction démesurée... Si ce n'est peut-être qu'elle pleurait plus... C'est à cette époque que le sujet de sa mère est devenu tabou.

- Et toi, Rei-chan, parle mois un peu de ta vie... Parce que maintenant, on sait que j'ai été mariée, et que j'ai eu une fille, mais toi, qu'à tu fais des vingt quatre premières années de ta vie ?

- Et toi, Rei-chan, parle mois un peu de ta vie... Parce que maintenant, on sait que j'ai été mariée, et que j'ai eu une fille, mais toi, qu'à tu fais des vingt quatre premières années de ta vie ?

Reila posa sa tasse sur la table et prit une profonde inspiration. Elle regarda un instant dans le vide et soupira.

-Ma vie...Ce n'est pas très long...Un jour naquit la petite Reila Nita... Une petite fille toute brune comme les autres. Elle ne s'avéra pas très douée pour les études et incapable de rentrer dans les meilleures écoles maternelles. Sa mère préférait sa grande soeur...Si belle, si intelligente, si parfaite...Et puis, un jour, on demanda à la petite Reila si elle voulait jouer d'un instrument.

La violoniste marqua une pause dans son récit, comme si se rémémorer tous ses souvenirs devenait trop dur. Et oui, cela l'était. Mais Ronnie, elle, avait pris courage et le lui avait raconté, et ça avait dû être mille fois plus douloureux. Alors, elle aussi pouvait raconter tout cela. Reila reprit son souffle et sourit tristement.

-Et la petite Reila répondit qu'elle voulait jouer du violon. Tout le monde se moquait d'elle. Le violon, c'était difficile, elle aurait mieux fait d'apprend le shamisen ou le piano, comme toutes les petites filles. Mais elle persista, pour la première fois de sa vie, on lui céda. On lui offrit son premier violon et ses cours. Et la petite Reila s'avéra très douée dans son instrument. Si douée, que sa tante proposa à ses parents de l'envoyer dans un pensionnat où elle serait éduquée pour devenir une star...Du genre, qu'on oublie pas.

La jeune femme s'assombrit immédiatement. La décision de ses parents l'attristait encore...Elle n'était qu'une gamine à l'époque. Elle avait besoin de l'amour de ses parents. Pas des quelques lettres et cadeaux, des quelques visites qu'elle eut...Qui s'était toujours occupée d'elle lorsqu'elle était malade ? Les personnes du pensionnat...

-Evidemment, tu sais très bien quel a été le choix de mes parents...C'est là que j'ai développé mon don. J'avais le pouvoir d'attrendir tout le personel de l'internat. J'en suis sortie à quinze ans. Ma tante est devenue mon agent. Et j'ai commencé à jouer dans le monde entier. Une vie de rêve mais qui m'étouffait... J'n'ai jamais eu le courage d'arrêter avant mes 22 ans. Pourquoi ? Parce que l'emprise de ma famille était trop grande...Jamais je n'orai osé les énerver...Jusqu'au jour où...

Reila remarqua une pause. Il était vraiment dur pour elle de parler de ce jour. Le jour le plus long et le plus dur de son existence. Alors elle allait résumer, espérant ne pas décevoir Ronnie.

-Et c'est là que j'ai décidé de tout lacher.

Ronnie aurait pu sourire. Oui, elle était un peu bizarre dans ses réactions, et Ronnie aurait pu sourire en entendant Rei-chan parler d'elle à la troisième personne. Elle même le faisait souvent, et une de ses amies se plaisaient à lui dire qu'elle était complètement cinglé de parler d'elle ainsi...

Pourtant, Ronnie ne souriait pas. Parce que l'histoire de Rei-chan était trop triste pour se permettre de tel fantaisie. Elle venait de se mettre complètement à nue, lui offrant une confiance absolue. C'était touchant pour l'artiste.

Et soudainement, elle se dit qu'elle aurait du en dire plus à Rei-chan, pour ne pas qu'elle croit qu'elle ne lui faisait pas confiance. Ronnie avait une confiance quasi totale envers ses amis. De plus, elle avait appris à se dévoiler très vite, et souvent, quand on la connaissait, on croyait tout savoir d'elle. C'était faux, mais Ronnie aimait cultiver cette part d'hypocrisie et de mensonge en elle.

Mais là, elle n'y arrivait pas. Pas du tout. Et ce qu'elle allait avouer là, elle ne l'avait jamais dit à personne, si ce n'est à Peter, il y a longtemps.

- Mes parents sont séparé. Depuis que je suis toute petite. Plus que petite en fait... puisque ma mère à virer mon père de sa vie quand elle a appris qu'elle était enceinte... bref... Ma mère je l'adorais, je l'idolâtrais, c'était mon modèle dans la vie. Et puis un jour...

Elle secoua la tête pour faire partir les souvenirs dérangeant

- Je suis partie de chez moi. Cette mère que j'adorais, maintenant, je la détestais. Je ne l'ai jamais revu. Je ne l'ai pas invité à mon mariage, je ne l'ai pas appelée pour la naissance de ma fille... Je n'y arrive pas, je n'y arrive plus... Je t'ai dit que j'avais confiée Léa à mon père, si tu savais ce que j'aurais aimée pouvoir la confié à ma mère. Je n'aimais pas la manière d'éduquer ses filles de mon père, et je préfèrais clairement celle de ma mère.

Soupirant un instant, elle finit par murmurer :

- Sauf que je ne peux plus la revoir, parce que je la déteste, du plus profond de mon âme...

Elle secoua de la tête, pour faire sortir de son esprit ces souvenirs dérangeant... avant de faire une sourire doux à sa vis-à-vis.

- Je crois qu'on a tous un passé plus ou moins difficile... et puis...

Elle allait continuer quand son téléphone portable sonna. Fouillant un instant dans son sac à main, elle le sortit pour répondre quelques chose en Anglais... Son père. Les appels de son père était toujours important, parce qu'il concernait Léa. Et Léa était importante. Très importante.

Elle posa alors sa main sur le combiné, et déclara à Rei-chan :

- Je vais devoir te laisser... C'est moi qui t'invite... pour fêter notre amitié...

Passant à coté d'elle, elle lui déposa un baisé sur les cheveux, et alla vers la caisse, tout en continuant de parler au téléphone.

Ceci fait, elle quitta le salon de thé, en espérant que Rei-chan ne lui en voudrait pas de se départ précipité.