Thèmes du mois d'avril...

Bon ben, voici le sujet dans lequel vous pourrez poster vous thèmes. Enfin, vous les postés une fois dans votre topic, puis vousl e copier-coller ici. C'est ainsi que nous pourrons retrouver les thèmes plus facilement pour les votes!

Merci!

(Attention, je ne veux pas de flood ici!)

Alice parcourait d'un pas léger les corridors déserts du lycée Beni-Tsuki. A cette heure ci, tous étaient en train de manger à la cafétéria. Tous sauf elle évidemment, vu qu'elle n'avait pas tellement faim. Quelque chose l'empêchait de tourner rond ces derniers temps. Pas que ces derniers temps d'ailleurs.

Elle arriva dans le hall, et s'arrêta devant le miroir, comme attirée.

"Hi miss Alice..."

Le temps sembla s'arrêter. Figée, Alice se contempla dans un étrange mélange de stupéfaction et d'indifférence. Ce n'était pas la première fois pourtant qu'elle voyait son reflet.

Une silhouette fine, de grand yeux noisettes, un teint de cire. La comparaison avec un poupée se glissa sournoisement jusqu'à son esprit. Une poupée. Un jouet à l'âme prisonnière enfermée dans un corps vide. Elle contemplait le monde qui l'entourait de ses yeux de verre sans pouvoir intervenir.

Le seul son que l'on pouvait distingué à présent était le tic tac régulier de la grande pendule du lycée de la lune écarlate. Rien ni personne ne semblait vouloir déranger ce moment de solitude intense, propre aux personnes qui ont tant d'amour à offrir et dont on se lasse si vite. Un simple jouet entre les mains des Hommes.

Longtemps, bien longtemps elle n'avait été qu'un objet entre les mains des scientifiques. Ils l'avaient d'abord découverte comme des enfants timides face à un nouveau cadeau. Puis ils s'en étaient éloignés, la laissant seule dans son univers restreint. Ils ne s'en occupait que quand ils en avaient besoin pour de quelconques expériences puis la laissait choir dans ses appartements d'une extrême fraîcheur.

Si Alice avait été sauvée, elle ne s'en sentait pas moins toujours la même, ses grands yeux parcourant le monde dans cesse, et maintenant, elle avait trouvé une maison de poupée grandeur nature, avec pleins d'autres jouets pour lui tenir compagnie. Parce s'ils étaient humains, ils étaient jouets du destin, s'ils étaient montres, ils étaient jouets des humains.

Si sa vision des choses était quelque peu désarmante, elle n'en parlait pas. Cela n'était ni un rêve, ni une réalité. Elle n'était pas là pour agir, ni comblé les espaces vides. C'était comme si elle voyait rien et tout. Mais elle restait muette, une poupée entre les mains de tous, et de personne. C'était un secret jalousement gardé que la vérité propre à chacun sur sa propre existence... Vous pouvez toujours poser vos questions, elles resteront sans réponses.

"Still you do not answer?"

Elle soupira et reprit son chemin. Les temps reprit ses droits dès qu'Alice eut quitté le miroir de ses pensées au dessus duquel brillait un croissant de lune, habillé du voile léger et grisonnant d'un nuage.

[Chanson: Still Doll
Artiste: Kanon Wakeshima
Ending de l'anime Vampire Knight
Paroles ==> Ici
Pour écouter ==> Ici]

Si Alice n'était pas inscrite aux cours de musique, elle n'en était pas moins une bonne musicienne. Encore une des conséquences de ces années passées aux mains de scientifiques avides d'expériences et de résultat. Bien entendu, certains test cherchaient à évaluer ces capacités de compréhension et de mémorisation. Ceci expliquant cela, la blondinette se retrouva avec de nombreux instruments, de plus nombreuses partitions et sa petite tête pour réussir un exploit. Et elle s'était avérée douée, particulièrement pour le violon.

C'est pour cela qu'elle s'était faufilée dans la salle de musique, déserte... et ouverte. Certainement une négligence de la part du professeur ou encore de l'équipe d'entretien. Au début, la musique était une corvée pour Alice, puis, peu à peu, les notes devinrent une délivrance, uniques compagnes, échappatoire à cette vie de solitude. Hélas, quand elle était seule dans sa cellule, quand elle avait le plus besoin de se sentir portée par la mélodie, il lui était interdit d'avoir un violon...

Elle se dirigea au fond de la salle, là où étaient entreposés les instruments. Avec beaucoup de minutie, elle sélectionna son partenaire d'une danse. Un violon de bien meilleure qualité que celui avec lequel elle avait appris à jouer. Puis elle se plaça droite, au milieu de la salle, dont la porte était toujours ouverte. Mais cela importait peu, désormais.

D'abord hésitant, l'archet se posa sur les cordes. Puis il glissa, frotta, laissant un début de mélodie emplir la pièce. Puis, elle prit de l'assurance, la mélodie légère devint plus forte, plus rythmée. Elle avait plus d'impact. C'est comme si le violon parlait pour elle, révélant ce qui se cachait aux tréfonds de son cœur. Transportée, Alice laissa sa voix se joindre à celle de l'instrument, révélant toute la pureté dont elle pouvait faire preuve. Et quand le violon se tut, la voix, elle continua, se perdant dans l'infinité de sentiments qui tourbillonnaient dans la pièce.

Ce morceau, elle ne l'avait entendu et jouer qu'une seule et unique fois: violons, percussions, voix et quelques notes de piano... Le charme était grandement diminué du fait qu'elle était seule, mais cela lui suffisait pour se sentir heureuse, débarrassée d'un poids trop lourd à porter. Quelqu'un, peut être, se donnerait la peine de l'accompagner un jour...

Sa voix mourut... Et le violon reprit de plus belle, prouesse de l'art qu'était de faire chanter l'instrument si capricieux. Voix... Violon... Puis les deux... Jamais ils ne se faisaient de l'ombre l'un l'autre. L'harmonie était parfaite, relatant des combats d'un autre temps, certifiant que personne n'était seul désormais.

Peu à peu, les notes se perdirent...

La représentation était terminée.


[Chanson: I talk to the rain
Artiste: Yuki Kaijura
Insert song, Tsubasa Reservoir Chronicle
Pour écouter ==> Ici]

Sonnerie stridente, chaos général.
Un flot d'élèves sortit par toutes les portes du couloir, peut-être pressés de manger enfin.

A la salle de la classe A seconde année, les étudiants ne faisaient pas exception. Sauf peut-être un élève un peu trop lent (et arrogant, mais ça, on s'en tape) qui sortit le dernier, juste avant Midori Crimson, le professeur qui venait de faire cours à sa classe. Le jeune homme aux cheveux noirs et au regard flamboyant lui sourit avec un on-ne-sait-quoi de dérangeant et passa la porte de son air nonchalant. Umeno Date observa quelques instants la princesse écarlate s'éloigner, elle aussi, sûrement, en direction du réfectoire. Qu'est-ce que cela pouvait faire d'être enchainé, tel Beni-Hime au lycée de la lune écarlate?

Le vice-président consulta son vieux barcelet-montre et d'un accord tacite de ses jambes et de son cerveau, il s'éloigna de la masse grouillante des élèves pour s'installer, confortablement assis, dans une alcôve du couloir. Pourquoi une alcôve ici me direz-vous? Ûmeno n'en savait rien, hormis le fait que c'était sûrement pour une raison obscure. En s'installant, il sortit de son cartable un vieux lecteur CD et vissa le gros casque sur son crâne. Il n'y avait aucun disque dans le lecteur. Umeno écoutait en paix le silence.

Avec l'impression d'avoir du coton dans les oreilles, le jeune homme aux yeux rouges délogea du fond de son sac un très vieux carnet. Il ferma les yeux. Les souvenirs l'envahirent.

Umeno, six ans. Pleurant toutes les larmes de son corps en s'accrochant à Zazie.

- Nee-san, pars pas! J'te vois jamais quand tu vas au collège! Et puis Mitsuru elle crie tout l'temps!

Ladite Nee-san avait l'air tout aussi malheureux d'abandonner le petit garçon ainsi que Yue et Ringo sous la garde un peu violente de Mitsuru. Mais soudainement, ses yeux écarquillèrent et elle se baissa rapidement pour sortir un petit carnet bleu de son cartable.

- Tiens... Comme ça tu n'a qu'à écrire tout ce que tu aurais voulu me dire aujourd'hui et je le lirais le soir en rentrant. D'accord?

Tout en essuyant son nez qui coulait, le petit Umeno attrapa le carnet à spirale et sourit à sa grande soeur.

Les pages tournèrent, bond de trois ans dans le temps.

Le petit garçon avait grandit et avait à présent neuf ans. Il faisait du roller dans la forêt, dans une petite piste secrète, accompagné par une petite fille, Ringo, sa soeur cadette. Cette dernière exécutait les figures avec grâce et souplesse tandis qu'Umeno ne décollait pas du sol, ses pieds alourdis par le poids des patins. Les larmes aux yeux, il se laissa tomber à terre et tira le carnet de sa poche. Il y inscrivit en gros caractères maladroits "Je suis attaché au sol, aide-moi!".
Sur ce, il lança un "Je rentre, j'en ai marre!" à Ringo, se débarassa de ses rollers et, le petit carnet serré contre son coeur, repartit vers l'appartement.

De son pouce, Umeno chercha une page précise et ouvrit d'un coup de doigt le carnet. Ses yeux parcoururent les deux mots qui y étaient inscrits en romaji.

" Tsubasa hiroge "*

Depuis ce jour de ses neuf ans, l'adolescent qu'était devenu Umeno n'avait plus écrit ni ouvert le carnet, il le gardait précieusement dans sa table de chevet. Cela faisait cinq ans qu'ils se battaient, contre les autres, mais aussi contre lui-même. Il ne voulait pas avouer la défaite qu'il avait affrontée ce jour là, ses patins aux pieds. Non. Seul son don l'avait sortit de l'abîme dans laquelle il plongeait. Mais la berge n'était guère plus reluisante. La rue. Toujours au mauvais endroit au mauvais moment. Le sang. Les visages grimaçants.

Quelques jours avant la rentrée d'Umeno à Beni Tsuki, la fratrie avait été dinner dans un restaurant bon marché de la ville. Au cours du repas, Zazie sortit de son sac à main...le petit carnet bleu. Sous le regard étonné du jeune homme, elle lui tendit, ouvert à une page précise. Cette page-là. Derrière une longue suite de pages blanches, deux mots: "Tsubasa hiroge".
De retour chez lui, il découvrit le tiroir de sa table de chevet entièrment tagué. Les messages d'adieu de Mitsuru, Ringo et Yue.
Les larmes lui piquèrent les yeux.

D'un geste délicat, il détacha la page, la plia et la glissa dans la poche de sa chemise. Il regarda le reste du carnet les sourcils froncés. Cet amassis de paperasses ne faisait que témoigner de sa faiblesse, il venait de s'en rendre compte. D'un geste rageur, il prit son rouleau de ruban adhésif dans sa trousse et en enroula lesdites paperasses. D'un mouvement précis, il lança le carnet ainsi scellé dans la poubelle à quelques mètre de lui du couloir désert. Qu'il croyait désert...
Umeno avait pensé que regarder son passé dans les yeux aurait pu être douloureux. Il n'en était rien. Le jeune homme s'en était défait avec une facilité déconcertante.
Retirant le casque de ses oreilles, un long bourdonnement envahit ces dernières. Relevant ses prunelles, il remarqua que quelqu'un était là, à l'observer.

* "Déploie tes ailes"