I talk to the rain |Libre!|

Si Alice n'était pas inscrite aux cours de musique, elle n'en était pas moins une bonne musicienne. Encore une des conséquences de ces années passées aux mains de scientifiques avides d'expériences et de résultat. Bien entendu, certains test cherchaient à évaluer ces capacités de compréhension et de mémorisation. Ceci expliquant cela, la blondinette se retrouva avec de nombreux instruments, de plus nombreuses partitions et sa petite tête pour réussir un exploit. Et elle s'était avérée douée, particulièrement pour le violon.

C'est pour cela qu'elle s'était faufilée dans la salle de musique, déserte... et ouverte. Certainement une négligence de la part du professeur ou encore de l'équipe d'entretien. Au début, la musique était une corvée pour Alice, puis, peu à peu, les notes devinrent une délivrance, uniques compagnes, échappatoire à cette vie de solitude. Hélas, quand elle était seule dans sa cellule, quand elle avait le plus besoin de se sentir portée par la mélodie, il lui était interdit d'avoir un violon...

Elle se dirigea au fond de la salle, là où étaient entreposés les instruments. Avec beaucoup de minutie, elle sélectionna son partenaire d'une danse. Un violon de bien meilleure qualité que celui avec lequel elle avait appris à jouer. Puis elle se plaça droite, au milieu de la salle, dont la porte était toujours ouverte. Mais cela importait peu, désormais.

D'abord hésitant, l'archet se posa sur les cordes. Puis il glissa, frotta, laissant un début de mélodie emplir la pièce. Puis, elle prit de l'assurance, la mélodie légère devint plus forte, plus rythmée. Elle avait plus d'impact. C'est comme si le violon parlait pour elle, révélant ce qui se cachait aux tréfonds de son cœur. Transportée, Alice laissa sa voix se joindre à celle de l'instrument, révélant toute la pureté dont elle pouvait faire preuve. Et quand le violon se tut, la voix, elle continua, se perdant dans l'infinité de sentiments qui tourbillonnaient dans la pièce.

Ce morceau, elle ne l'avait entendu et jouer qu'une seule et unique fois: violons, percussions, voix et quelques notes de piano... Le charme était grandement diminué du fait qu'elle était seule, mais cela lui suffisait pour se sentir heureuse, débarrassée d'un poids trop lourd à porter. Quelqu'un, peut être, se donnerait la peine de l'accompagner un jour...

Sa voix mourut... Et le violon reprit de plus belle, prouesse de l'art qu'était de faire chanter l'instrument si capricieux. Voix... Violon... Puis les deux... Jamais ils ne se faisaient de l'ombre l'un l'autre. L'harmonie était parfaite, relatant des combats d'un autre temps, certifiant que personne n'était seul désormais.

Peu à peu, les notes se perdirent...

La représentation était terminée.


[Chanson: I talk to the rain
Artiste: Yuki Kaijura
Insert song, Tsubasa Reservoir Chronicle
Pour écouter ==> Ici]

Reila Nita eut une subite révélation. Assise au calme, elle venait de se souvenir qu'elle avait oublié de verouiller la porte de la salle de musique. Et si quelqu'un venait lui prendre ses instruments ? De plus, elle avait laissé son propre violon dans la salle...Se précipitant du plus vite qu'elle pu vers le lycée, elle essaya de retrouver ses clés...Encore pire, elle les avait aussi laissées dans la salle de cours.

Enfin arrivée au batiment des TP, Reila ressentit une très forte émotion s'échapper des salles de classes. Un mélange d'apaisement, de solitude, de joie mais de tristesse. Une mélodie au violon s'échappait de la salle de musique. Quelqu'un jouait et ressentait toutes ses émotions si contradictoires. Mais par dessus ce mélange émotionnel, dominait une chose. La personne qui jouait, qui qu'elle soit, soit, s'abandonnait entièrement à son violon.

La jeune violoniste faisant preuve de plus en plus de curiostié, rentra dans la batiment et grimpa les marches quatre à quatre. Non seulement la personne qui jouait jouait véritablement bien, mais en plus, elle avait ce don inné qu'était le pouvoir de faire passer ses émotions dans la musique. Seules de rares musiciens y arrivaient, et cette personne en faisait partie.

La jeune professeur de musique déboucha en trombe devant la porte de la salle de musique. Une jeune fille, une élève à en juger ses vêtements se tenait au milieu de la salle, complètement emportée dans la musique. La chanson, Reila l'avait déjà entendue...Peut-être même étudiée...Elle connaissait tellement de morceaux qu'elle n'était plus sure de sa mémoire. Une chose était certaine, cette jeune femme le jouait avec toute l'ampleur necessaire. Certaine notes n'étaient pas parfaites, mais le morceau, si mélancolique, si profond, tout était rendu comme il le fallait.

La voix se tut, le violon reprit son travail. Cette fois-ci, le violon était exactement comme il le fallait. Fougueux, pur, mélancolique, émotionel...Tout ce qu'on pouvait attendre d'un violon et d'un musicien. La voix de la jeune fille s'éleva encore une fois à son tour. Violon et chant ne faisaient plus qu'un. Harmonie parfaite. Reila était comme figée par le talent de la jeune élève.

Les dernières notes se firent lointaine. Le morceau s'éloignait, la fin était proche. La fille baissa son archet. Reila connaissait cette sensation. Etre figé, comme si on avait accompli quelque chose de grand. Elle regarda la jeune fille et décida qu'il était temps de lui faire remarquer sa présence. Elle avança d'un pas, franchissant la porte et s'éclaira la voix.

-Bonjour. Je suis Nita Reila, la professeur de Musique du lycée. Et je suis aussi violoniste. Et je vous trouve formidable.

Reila avait dit cela d'un ton naturel, qui ne lui ressemblait pas mais elle était si curieuse de connaitre l'identité de cette jeune fille prometteuse...

Alice prit une jolie teinte rosée au compliment. C'était bien la première fois qu'on la félicitait en matière de musique. De plus, elle était prise sur le fait, dans la salle de musique où elle n'était pas sensée se trouver. Par le professeur de musique, elle-même. Elle reposa le violon dans son étui avec toute la délicatesse dont elle était capable. Puis se redressa et s'inclina devant Reila. C'était certainement le bon moment pour se repentir en excuse.

-Je vous prie de m'excuser, Nita-sensei. Je n'avais aucun droit de m'introduire ici.

Elle remarqua alors qu'elle avait oublié de se présenter...

-Je suis Alice Kurosu, élève de deuxième année A...

Elle attendit patiemment la réaction du professeur, sans relever la tête.

(en construction)