Premiers contacts [PV libre]

Ayumu Taiki entre dans la salle des profs, et, à peine la porte entrouverte, commence déjà à faire le tour de la pièce du regard, cherchant à croiser celui d'un autre.
Le premier contact visuel de la journée est toujours important pour lui ; c'est le moment où il peut savoir s'il est toujours "perceptible" ou s'il a perdu son emprise sur son pouvoir, une crainte qu'il n'arrive toujours pas à faire passer.
Et si un jour en passant cette porte, personne ne me remarquait ?

Taiki ferme la porte derrière lui. Il aborde son sourire typiquement positiviste et lance un global et cordial :
- Bonjour !

Il se dirige ensuite vers son casier, vérifiant qu'il n'ait pas reçu une note ou un mot, et espérant qu'un de ses collègues lance la discussion.

Midori Crimson était attablée à la même place que d'ordinaire dans la salle des professeur. Aussi exceptionnel que cela puisse paraître, elle était d'une humeur égale et, plutôt que de lire une énième fois le programme ou de préparer un de ses cours, elle lisait tranquillement un roman en anglais. Chose qu'elle n'avait pas faite depuis bien longtemps. Certainement que Yoruda avait raison, somme toute: elle ne se ménageait pas assez.

Elle vit bien sûr le professeur passer... Le professeur? Tiens! Elle ne le connaissait pas celui là! S'il avait un don peu commun, c'est le professeur de physique chimie qui allait être ravi. Elle garda toutefois cela pour elle et se contenta de saluer le professeur d'un ton cordial.

Le nez toujours plongé dans son bouquin, elle porta machinalement la main à sa tasse de café et en bu une longue gorgée avant de la reposer. Un livre fort passionnant, relatant l'épopée de jeunes héros peu commun, propres au monde de l'heroic fantasy. Midori ne lisait pas cela d'ordinaire, mais peu lui importait: c'était le seul livre en anglais qu'elle avait trouvé dans le coin. Et ne pouvant pas se rendre comme bon lui semblait à la librairie... Ce que c'était dur d'être la princesse écarlate, protectrice de ce lycée! Elle n'avait pas fini de se plaindre. Heureusement, le secret n'en était un que pour les élèves et les professeurs étaient mis au courant dès qu'ils voyaient Maeda à leur arrivée. Elle bénéficiait, donc, la plupart du temps, du soutient de ses collègues. Soutien qu'elle prenait plus ou moins bien selon ses humeurs... Humeurs très variables, par ailleurs.

Toujours sans lever le nez de son livre, alors que les héros de l'épopée affrontaient encore le danger, elle indiqua:

-Si vous voulez du café, servez vous.

Ils n'étaient que deux dans la salle des professeur, mais cela n'avait pas empêcher Midori de faire une cafetière pleine.

Alors c'est elle la princesse écarlate... C'est impressionnant de se dire que la sécurité du lycée, et donc, la nôtre, reposent sur ses épaules.

Taiki avait pu l'entr'apercevoir de loin peu après que le directeur lui avait parlé d'elle, mais il n'avait pas eu l'occasion de la distinguer de près. S'il y a des choses qui rendent humble, avoir sa vie liée à un lycée pour adolescents aux pouvoirs spéciaux devait rentrer dans le top 10.

Taiki ne boit pas de café, et décida que, plutôt que de mentir à sa collègue et de se forcer à boire, l'honnêteté serait un meilleur moyen d'entamer leur relation.

- Merci, c'est très gentil, mais je ne bois pas de café.

Il accompagna cette phrase d'un sourire, pour s'assurer de ne pas provoquer de quelconque offense.

- Je suis Ayumu Taiki, je viens de rejoindre le lycée en tant que professeur de sport.

Il espéra ainsi que son interlocutrice allait enchainer avec sa propre présentation et lui offrir un regard, même du coin de l'oeil.

Comme dit précédemment, cette chère Midori est très, mais alors très lunatique. Il faut croire que passer dix ans de sa vie dans ce lycée, sans jamais pouvoir vraiment le quitter devait rendre dingue. Vraiment dingue. Pourtant, la princesse écarlate était quasi certaine que sa mère n'avait jamais été comme elle. Elle ne possédait pas sa force, aussi. C'est l'une des raisons qui rappelait sans cesse à la jeune femme à quel point elle était faible, au grand damn de Yoruda Shuuka. Une tâche difficile comme celle ci incombait une certaine confiance en soi. Confiance qui s'éffritait peu à peu pour Midori, même s'il n'y avait que Maeda et Yoruda qui étaient au courrant.

Elle leva les yeux vers son vis-à-vis, presque choquée:

-Des gens n'aiment pas le café... Cela m'échappe complètement.

Elle devait encore avoir l'air d'une démente, ce qui ne devait pas changer beaucoup de d'habitude. Cependant, il arrivait que quelques fois, elle s'en rende compte. Elle adressa alors un sourire désolé à Taiki, avant de continuer:

-Et bien, Ayumu-san, j'espère que vous ne serez pas aussi strict avec les élèves que vous deux prédecesseur, sinon, Sato-san va être très mécontente.

C'est que, quand le professeur déplait, les élèves avaient tendance à demander à être dispensés. Et tout le monde dans ce lycée connaissait le légendaire caractère de l'infirmière douée du don d'empathie...

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